Quel sera l’impact des droits de douane sur le secteur technologique canadien?


Les droits de douane imposés au Canada et leurs répercussions économiques incertaines

Les droits de douane imposés entre les États-Unis et le Canada auront des répercussions sur le secteur technologique canadien. L’industrie technologique est étroitement liée aux chaînes d’approvisionnement et aux collaborations transfrontalières, ce qui signifie que les nouveaux droits de douane présentent à la fois des défis et des opportunités pour l’innovation et la croissance.

Des perturbations des chaînes d’approvisionnement en semi-conducteurs et en composants électroniques à l’augmentation des coûts liés au cloud computing, aux centres de données et aux infrastructures d’intelligence artificielle, le secteur technologique canadien est confronté à un environnement commercial complexe. De plus, ces changements pourraient avoir des répercussions sur les partenariats de recherche et développement, les investissements en capital-risque et l’accès aux marchés, ce qui pourrait freiner la progression des entreprises en démarrage et en expansion.

Cette étude examine comment ces répercussions vont remodeler le paysage technologique canadien, quelles mesures les entreprises peuvent prendre pour atténuer les dommages et comment l’incertitude économique générale pourrait encourager une transition vers la diversification et la résilience dans le secteur technologique canadien.

Impact des droits de douane sur le secteur technologique canadien

En ce qui concerne plus particulièrement le secteur technologique canadien, voici ce qui pourrait se produire à mesure que les droits de douane continuent d’être mis en place.

Chaînes d’approvisionnement électroniques

Les entreprises technologiques canadiennes sont profondément intégrées dans les réseaux d’approvisionnement nord-américains. Selon une enquête réalisée en février 2025, 58% des start-ups interrogées ont exprimé leurs inquiétudes concernant l’approvisionnement transfrontalier et la chaîne d’approvisionnement (Source: MaRS et Communitech). La dépendance à l’égard des chaînes d’approvisionnement transfrontalières rend le secteur technologique canadien vulnérable aux droits de douane. Les nouveaux droits de douane augmentent les coûts des composants électriques, ce qui pourrait entraîner une hausse des prix pour les utilisateurs finaux (Source: Buildforce).

Étant donné que l’approvisionnement auprès des États-Unis est en hausse, il n’est malheureusement pas facile de changer de fournisseur.

Le fait de changer de fournisseur pour d’autres pays développés, tels que le Japon, augmente les délais et les coûts de production. Le fait de changer de fournisseur pour des marchés émergents, tels que Taïwan ou la Malaisie, augmente également le risque de partager des secrets commerciaux avec des concurrents (Source: Global News).

Cloud Computing et services numériques

Bien que moins touchés que les chaînes d’approvisionnement électroniques, le cloud computing et les services numériques subissent des répercussions secondaires importantes liées aux droits de douane potentiels.

Bien qu’il soit le plus grand fournisseur d’aluminium des États-Unis, Washington, D.C., a récemment imposé un droit de douane de 50 % sur ses importations en provenance du Canada en juin 2025 (Source: Exportation et développement Canada). Ces droits de douane augmentent les coûts de construction et d’équipement des centres de données dans les deux pays (Source: Carbon Credits.com). Cette hausse des coûts pourrait avoir une incidence sur les prix du stockage en nuage, limitant ainsi les investissements futurs dans les centres de données.

La taxe sur les services numériques (TSN) du Canada a encore compliqué la situation. Cette taxe, qui visait les grands fournisseurs de services numériques réalisant un chiffre d’affaires supérieur à 1,1 milliard de dollars à l’échelle mondiale, a été jugée injuste par les États-Unis (Source: Financial Post). Mise en œuvre en juin 2024, la taxe DST canadienne a été officiellement abrogée en juin 2025 (Source: Gouvernement du Canada). Ces développements ont accru la volatilité des solutions SaaS utilisées de part et d’autre de la frontière, créant une incertitude quant à l’adoption stratégique de ces solutions.

Collaboration en matière de recherche et développement

À l’heure actuelle, il n’existe aucun tarif douanier sur la recherche transfrontalière entre les États-Unis et le Canada, mais la guerre commerciale en cours pourrait avoir un impact significatif sur les partenariats technologiques. Ces partenariats, qui passent par des universités, des entreprises privées et des instituts de recherche, reposent sur l’échange de matériaux, de connaissances, de services, de prototypes, d’équipements et de propriété intellectuelle.

De nouveaux droits de douane pourraient augmenter les coûts, alourdir les charges administratives et compliquer les accords de licence. Ces obstacles pourraient amener les organisations à restructurer leurs activités à l’intérieur de leurs frontières nationales.

La dimension « talents » est tout aussi importante. Les écosystèmes d’innovation prospèrent grâce à la libre circulation des chercheurs et des ingénieurs à travers les frontières. Les différends commerciaux conduisent souvent à un durcissement des politiques d’immigration, ce qui peut réduire le nombre de talents disponibles (Source: CCPA).

Le problème de la « fuite des cerveaux » au Canada est un autre revers pour la recherche et le développement technologiques canadiens. Si les droits de douane ne causent pas directement la fuite des cerveaux, ils contribuent néanmoins au problème. L’incertitude économique et les difficultés financières créées par les droits de douane réduisent la création d’emplois et compromettent la stabilité économique, ce qui encourage les Canadiens hautement qualifiés à chercher des opportunités ailleurs.

Cette perturbation de l’environnement commercial rend le Canada moins attrayant pour les ingénieurs, les scientifiques et autres professionnels qualifiés qui dépendent de conditions de marché stables pour leur évolution de carrière et leur sécurité (Source: Forbes). Parmi tous les domaines des STIM, les étudiants en génie logiciel et en génie informatique sont les plus susceptibles de s’installer aux États-Unis à la recherche de salaires plus élevés, d’emplois dans de plus grandes entreprises technologiques et d’un plus grand choix d’opportunités professionnelles (Source: Université Brock).

Écosystème d’investissement et de démarrage

Les récents droits de douane ont provoqué d’importantes turbulences économiques en Amérique du Nord, les marchés enregistrant une baisse de 3% début mars, suivie d’un rebond peu après (Source: NBC News). Cette incertitude a directement affecté les modèles d’investissement entre les États-Unis et le Canada.

Alors que les marchés s’inquiètent de l’avenir économique du Canada et des États-Unis en raison des droits de douane, les flux de capital-risque entre les technologies américaines et canadiennes pourraient devenir de plus en plus limités. Au cours du seul premier trimestre 2025, les investisseurs américains ont participé à 80% des investissements en capital-risque au Canada (Source: The Logic). Néanmoins, certains financiers américains ont déjà fait part de leur malaise à l’idée de financer des start-ups technologiques canadiennes compte tenu des tensions commerciales actuelles avec les États-Unis (Source: Betakit).

Au-delà du financement, les droits de douane pourraient également poser des difficultés aux start-ups technologiques canadiennes qui cherchent à pénétrer le marché américain. L’économie américaine est environ 9,59 fois plus importante que celle du Canada, ce qui signifie qu’il y a plus d’opportunités de croissance commerciale aux États-Unis (Source: Statista). Selon une enquête réalisée en février 2025, 41% des start-ups technologiques canadiennes interrogées ont subi un impact direct sur leurs revenus de 2025. Cette instabilité économique signifie que les start-ups et les scale-ups technologiques canadiennes pourraient devoir rechercher de nouveaux marchés ou rester limitées au Canada pour leur financement et leurs revenus commerciaux.

Ralentissement de la croissance: augmentation des coûts

Les nouvelles taxes douanières, qui constituent un défi économique de taille, entraîneront des coûts opérationnels supplémentaires pour de nombreuses entreprises. Cela risque de créer un environnement commercial plus complexe, de réduire les marges bénéficiaires et de limiter les réinvestissements dans la croissance, à moins que ces coûts ne soient répercutés sur les clients, ce qui pourrait entraîner une baisse de la demande (Source: Doane Grant Thorton).

Les start-ups et les entreprises en phase de croissance du secteur technologique canadien sont particulièrement vulnérables à ces pressions, car elles ne bénéficient pas d’économies d’échelle, ont une notoriété limitée et opèrent déjà avec des marges serrées.

L’ajout de droits de douane ne fera que rendre plus difficile pour les start-ups et les entreprises en phase de croissance du secteur technologique de réaliser des bénéfices et d’investir dans leur croissance future.

Distribution de la chaîne d’approvisionnement

Une grande partie de la production technologique américaine dépend des minéraux provenant du Canada. En 2023, les États-Unis représentaient 59 % des exportations minières du Canada, notamment des minéraux bruts tels que l’aluminium, le cuivre, le nickel, l’uranium et le zinc, tous essentiels à la production d’électronique, de semi-conducteurs et de batteries (Source: Ressources naturelles Canada).

Cette chaîne d’approvisionnement interconnectée est confrontée à un effet de multiplication des coûts important. Les minerais bruts expédiés du Canada vers les fabricants américains sont soumis à des droits de douane initiaux, et les produits finis qui retournent au Canada peuvent être soumis à des droits de douane supplémentaires à chaque livraison transfrontalière.

La production canadienne de batteries pour véhicules électriques en est un exemple. Au cours de la production, les matériaux et les composants traversent la frontière à plusieurs reprises, ce qui entraîne des droits de douane à chaque passage (Source: MacMillan Supply Chain Group). Compte tenu des droits de douane, il est plus avantageux pour les Canadiens de créer du matériel technologique dans leur pays afin de réduire les coûts.

De plus, la plupart des importations générales en provenance de l’extérieur de l’Amérique du Nord entrent généralement par les États-Unis avant d’être redistribuées au Canada, ce qui ajoute une autre couche de complexité. À l’avenir, de nombreuses organisations canadiennes pourraient devoir demander à leurs fournisseurs d’expédier directement au Canada, mais cela pose un problème en soi.

De nombreux ports canadiens, comme celui de Vancouver, sont déjà en situation de surcapacité, et les délais d’acheminement dans les ports canadiens sont plus longs que les normes internationales (Sources: Transports Canada et RBC). Si nous comptons davantage sur les canaux directs vers le Canada, des investissements importants seront nécessaires pour maintenir l’efficacité des chaînes d’approvisionnement.

Centre de données et infrastructure IA

Les droits de douane sur l’aluminium et l’acier entraîneront une augmentation des coûts généraux de construction et d’équipement des centres de données, ce qui pourrait avoir une incidence sur les prix du stockage dans le cloud et le développement de l’IA. L’aluminium et l’acier sont des matériaux essentiels pour les racks de serveurs, les systèmes de refroidissement et d’autres infrastructures. De ce fait, les prix du stockage dans le cloud augmentent, ce qui pourrait retarder la production de nouveaux centres de données alors que la demande en IA augmente (Source: Tech Republic).

Défis liés à l’accès aux marchés et compétitivité mondiale

Malheureusement, les exportations technologiques canadiennes pourraient être confrontées à d’importants défis concurrentiels sur le marché américain. En raison des prix plus élevés des produits technologiques canadiens, les acheteurs américains pourraient se tourner vers des alternatives nationales ou internationales, ce qui entraînerait une baisse de la demande et une réduction des volumes d’exportation.  

Compte tenu de cette réalité, les entreprises technologiques canadiennes doivent mettre en œuvre des changements stratégiques, soit en diversifiant leur clientèle internationale au-delà du marché américain, soit en recentrant leurs efforts sur les opportunités nationales au Canada.

La nécessité de diversifier les marchés survient à un moment difficile, obligeant les entreprises canadiennes à développer de nouveaux canaux de distribution, à s’adapter à différents environnements réglementaires et à établir la présence de leur marque sur des marchés inconnus, tout en gérant les pressions financières liées à la situation tarifaire.

Ce que les startups et les entreprises en croissance canadiennes peuvent faire pour atténuer les dommages

Malgré les incertitudes importantes auxquelles est confronté le secteur technologique canadien, les entreprises technologiques canadiennes doivent garder à l’esprit que des ressources de soutien sont disponibles. Les programmes gouvernementaux, les associations industrielles et les réseaux d’entreprises continuent d’apporter leur aide dans ce contexte commercial difficile.

Bien que délicate, la situation actuelle offre également aux entreprises technologiques canadiennes l’occasion de réévaluer leurs stratégies, de renforcer leurs activités nationales et, éventuellement, de développer de nouveaux marchés au-delà des frontières traditionnelles.

Voici ce que les entreprises canadiennes peuvent faire pour atténuer les dommages.

Surveiller les annonces relatives à la politique commerciale

Il est essentiel de rester vigilant quant à l’évolution de la politique commerciale entre les États-Unis et le Canada. Depuis février 2025, les politiques tarifaires ont changé à plusieurs reprises et pourraient continuer à fluctuer. Afin de garantir que les entreprises canadiennes disposent des informations les plus récentes, il est important de consulter régulièrement les sources officielles du gouvernement pour obtenir les dernières mises à jour de l’Agence des services frontaliers du Canada ou du ministère des Finances du Canada (Sources: ASFC et ministère des Finances du Canada).

Ces canaux officiels fournissent des mises à jour en temps opportun sur les contre-droits de douane et autres modifications tarifaires susceptibles d’avoir une incidence sur les activités. Compte tenu de la nature volatile de l’environnement commercial actuel, il est essentiel d’intégrer la surveillance des politiques pour assurer une planification et une gestion des risques efficaces.

Consultez les associations commerciales canadiennes

Le Programme d’accélération commerciale (PAC) d’Exportation et développement Canada aide les entreprises canadiennes à étendre leur portée mondiale grâce à des services de mentorat et d’accompagnement (Source: Exportation et développement Canada).

Diversifier les chaînes d’approvisionnement

Supposons que de nombreuses entreprises canadiennes achètent des matières premières ou des matériaux aux États-Unis. Dans ce cas, il est temps de diversifier les chaînes d’approvisionnement et de réduire la dépendance vis-à-vis des États-Unis en s’approvisionnant en matières premières ou en composants auprès d’autres pays ou au Canada.

Élargir l’accès aux marchés

C’est une réponse qui relève du bon sens, mais qui n’est pas si simple à mettre en œuvre. En 2024, les États-Unis représentaient 76 % des exportations du Canada, ce qui en faisait le premier partenaire commercial du pays (Source: Statistique Canada).

De nombreuses organisations canadiennes devront trouver de nouveaux partenaires commerciaux au-delà des États-Unis si elles souhaitent développer leurs activités. Canada Tariff Finder est une excellente source d’informations sur les droits de douane applicables aux produits entre le Canada et d’autres pays (Source: Canada Tariff Finder).

Au-delà de l’Amérique du Nord, des accords de libre-échange ont été conclus avec l’Union européenne dans le cadre de l’AECG et avec les pays de la région Asie-Pacifique dans le cadre du PTPGP.

Programmes d’aide gouvernementaux

Les entreprises technologiques canadiennes devraient commencer à rechercher et à postuler à des programmes si leurs bénéfices dépendent fortement de l’importation ou de l’exportation de marchandises vers les États-Unis. Les programmes suivants pourraient leur être utiles.

Ministère des Finances Canada – Remises tarifaires

Le ministère des Finances Canada a publié un programme de remises tarifaires destiné aux organisations canadiennes (Source: Ministère des Finances Canada – Remises tarifaires).

Programme d’impact commercial

Exportation et développement Canada (EDC) propose un autre programme qui aide les exportateurs à trouver de nouveaux marchés en dehors des États-Unis. Le Programme d’impact commercial est conçu pour aider les entreprises canadiennes à diversifier leurs marchés et à limiter les répercussions des droits de douane grâce à un financement de 5 milliards de dollars (Source: Exportation et développement Canada).

« Prêts à taux avantageux » de Développement des entreprises Canada

Développement des entreprises Canada (DEC) accorde un financement de 500 millions de dollars pour aider les petites et moyennes entreprises à atténuer l’impact des droits de douane américains (Source: Développement des entreprises Canada). Le programme aidera les PME à réorienter leurs activités en trouvant rapidement de nouveaux acheteurs et fournisseurs grâce à un financement garanti pour soutenir cette transition.

Faire face à l’incertitude tarifaire

La situation tarifaire actuelle crée de l’incertitude pour les entreprises technologiques canadiennes et l’économie en général. Cependant, une chose est devenue très claire : dépendre autant des États-Unis comme partenaire commercial n’offre plus les mêmes avantages réciproques qu’auparavant. Cette période difficile pourrait servir de signal d’alarme crucial pour les entreprises technologiques canadiennes (et le Canada dans son ensemble) afin qu’elles diversifient leurs relations commerciales plutôt que de concentrer leur destin économique sur un seul marché.

Le principe consistant à ne pas « mettre tous ses œufs dans le même panier » n’a jamais été aussi pertinent pour le Canada. Les entreprises canadiennes doivent explorer de nouveaux partenariats mondiaux, développer des chaînes d’approvisionnement alternatives et s’implanter sur différents marchés internationaux. Si cette transition nécessitera une adaptation importante, elle pourrait renforcer la résilience économique du Canada en créant un portefeuille commercial mondial plus équilibré.

Dans un avenir immédiat, de nombreuses entreprises canadiennes doivent donner la priorité à l’établissement de nouvelles relations commerciales et de nouveaux partenariats au-delà de notre voisin du sud.

Initiative Living Lab du CENGN

Bien qu’elle n’ait pas d’incidence directe sur les tarifs, la nouvelle initiative Living Lab du CENGN aide les entreprises canadiennes en démarrage et en croissance à faire passer leurs solutions technologiques du stade de l’innovation à celui de la commercialisation en les testant et en les validant dans un environnement expérimental réel.

Grâce à un financement pouvant atteindre 500 000 dollars, les start-ups et les entreprises en phase de croissance canadiennes peuvent utiliser l’un des huit laboratoires vivants sectoriels répartis dans tout le Canada pour tester, valider et préparer leur solution pour le marché afin de stimuler la croissance de leur entreprise.

En savoir plus sur l’initiative Living Lab du CENGN.

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À propos de l'auteur

Being the Content Marketing Lead at CENGN, Richard researches and shares information on emerging technologies such as 5G, IoT, and Artificial Intelligence.

Through his experience in writing and support for technological growth, he’s always interested in sharing how new technologies are shaping the lives of fellow Canadians.

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